Hugo : Peux-tu te présenter et présenter Nuti ?
Olivia : Je m’appelle Olivia, j’ai 26 ans et je suis graphiste de formation. J’ai arrêté ce métier il y a environ trois ans, après avoir été diagnostiquée autiste. Ce diagnostic a été un tournant : j’ai commencé à repenser mon parcours personnel, notamment les grandes difficultés que j’ai eues autour de l’alimentation pendant l’enfance et même à l’âge adulte. C’est ce vécu qui m’a donné envie de créer Nuti, une entreprise qui propose des solutions alimentaires adaptées aux enfants ayant des troubles sensoriels. L’idée, c’est d’offrir des produits qui permettent d’éviter les carences tout en respectant les particularités sensorielles de chacun.
Hugo : Qu’est-ce qui t’a motivée à créer Nuti et à t’engager pour les enfants avec des troubles alimentaires ?
Olivia : Ce qui m’a poussée, c’est le constat que rien n’avait vraiment changé depuis ce que j’avais vécu moi-même, il y a 20 ans. Les enfants avec des troubles alimentaires grandissent souvent avec très peu de solutions adaptées. Moi, par exemple, je ne supportais pas certaines textures ou odeurs, et je me suis retrouvée à manger la même chose pendant 15 ans. Après mon diagnostic, j’ai été accompagnée par des orthophonistes et des ergothérapeutes. Leurs approches sont efficaces, mais une fois qu’on sort du cabinet, on se retrouve souvent seul. Avec Nuti, je veux prolonger cet accompagnement à la maison, en m’inspirant des pratiques thérapeutiques et en les traduisant en produits concrets, accessibles et adaptés.
Hugo : Si tu pouvais changer une chose dans la prise en charge des troubles alimentaires infantiles, ce serait quoi ?
Olivia : Ce serait de rendre ce sujet plus visible. Au début, je pensais que mon projet était très niche… mais en réalité, il peut aider aussi des enfants qui ne sont pas diagnostiqués mais qui ont simplement des difficultés à table. Il n’existe quasiment rien à l’école, très peu de choses à la maison, et les rendez-vous médicaux sont difficiles à obtenir. Si on parlait plus ouvertement de ces troubles, on pourrait créer des ponts entre les acteurs éducatifs, médicaux et commerciaux pour construire un système de soutien global.
Hugo : Quelle a été la plus belle réaction d’un professionnel de santé découvrant Nuti ?
Olivia : Celle de mon orthophoniste. Quand je lui ai présenté Nuti, elle a eu une sorte d’éclair dans les yeux : elle s’est dit que c’était enfin une façon d’amener l’accompagnement au-delà du cabinet. Les professionnels sont surchargés, ils n’ont pas toujours le temps ou les ressources pour développer des outils à domicile. Elle a vu dans Nuti une possibilité de collaboration entre le monde médical et des personnes issues d’autres milieux, comme le design, le commerce ou la communication. Et ça, c’est vraiment porteur d’espoir.
Hugo : Quelles sont vos actualités du moment / un mot pour la fin ?
Olivia : En ce moment, on participe au concours Brise Hacking. On a été sélectionnés pour la finale, et il y a un prix coup de cœur du public basé sur les votes. Donc si certaines personnes souhaitent nous soutenir, ce serait super de voter pour nous ! Et pour conclure : parler des troubles alimentaires, c’est déjà commencer à les rendre visibles. Et c’est comme ça qu’on pourra, ensemble, faire émerger de vraies solutions.