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Erika: Pouvez-vous vous présenter et nous expliquer en quelques mots la mission principale de Seastemik ?
Esther: Bien sur je m’appelle Esther DUFAURE je suis la Directrice de Seastemik, une association qui, comme son nom l’indique, cherche à sortir d’un système alimentaire qui exploite l’Océan et par là, contribue à nourrir différents systèmes d’oppression : sur les humains, sur les animaux et sur les écosystèmes. Via des méthodes de sensibilisation, d’accompagnement des entreprises et de plaidoyer politique, l’ONG travaille donc à sortir des élevages intensifs de saumons, l’une des plus grandes menaces qui pèsent sur l’Océan aujourd’hui.
Erika: Pourquoi le combat contre les élevages intensifs de saumons est-il si crucial ? Quels en sont les impacts, et quelles alternatives durables pourriez-vous recommander ?
Esther: C’est un combat prioritaire, déjà parce que le saumon est le poisson d’élevage le plus consommé en France, et la France est d’ailleurs le plus gros consommateur européen de saumons, et quatrième au rang mondial. C’est une industrie qui a des impacts multiples : la consommation de saumons vide l’Océan, aggrave la déforestation, menace la santé humaine, creuse les inégalités sociales et fait souffrir des millions d’animaux. La première recommandation est celle d’explorer le monde végétal : qui dit alimentation marine ne veut pas dire exploitation de l’Océan. Il faut favoriser l’aquaculture de faible niveau trophique (en d’autres termes : bannir les élevages de poissons carnivores, au profit d’algues et de coquillages). Il existe aussi de multiples recettes de saumon végétal à base de carottes, qui s’apparentent de manière troublante au saumon fumé ! Si on n’a pas la possibilité de cuisiner, on peut se tourner vers une alternative 100% végétale et made in France (à côté de Bordeaux) : le saumon végétal OceanKiss, que Phoebe Dunn, cheffe du restaurant l’Embuscade à Paris, a pu sublimer lors de notre soirée PinkBombs à l’Académie du Climat, qui fut un grand succès. Une version sans souffrance animale, sans microplastiques ni métaux lourds, à l’impact carbone réduit… Bref, plein de bénéfices ! Via notre enquête PinkBombs.org, on a même calculé que ce saumon végétal avait un meilleur apport en oméga 3 que le saumon fumé classique. Son nutriscore est également sans appel : B contre D pour le saumon animal. Et Yuka le classe comme “Bon” ! Côté prix, on vous rassure, la différence avec du saumon d’élevage intensif est d’environ 1€. Un choix idéal pour bluffer nos proches à Noël, et accessible dans de nombreux supermarchés (on a même la liste des boutiques où le trouver ici).
Erika: Depuis sa création en 2023, quelles actions concrètes ont été menées par Seastemik et quels résultats avez-vous observés jusqu’à présent ?
Esther: On a déjà publié trois enquêtes sur l’industrie du saumon : deux rapports, ainsi que PinkBombs, l’enquête inédite qu’on a réalisée avec l’ONG Data for Good, publiée avec le journal Le Monde. C’est le tout premier site web qui illustre et chiffre les impacts de l’industrie du saumon à l’échelle mondiale et cartographie l’ensemble des projets d’élevages intensifs à terre. On a lancé une pétition contre le projet de ferme-usine au Verdon-sur-Mer : un projet signé Pure Salmon, qui pourrait devenir le plus grand élevage intensif de saumons d’Europe, juste à côté de Bordeaux. On a été sur le terrain pour soutenir les collectifs locaux qui luttent pour protéger l’estuaire de la Gironde et l’économie locale, qui dépend d’une bonne qualité de l’eau, mise en péril par un projet industriel de cette taille. On a été sur le terrain pour soutenir les collectifs locaux qui luttent pour protéger l’estuaire de la Gironde et l’économie locale. Cette dernière dépend d’une bonne qualité de l’eau, mise en péril par un projet industriel de cette taille On a même été à l’Assemblée nationale avec Welfarm pour faire du plaidoyer politique, avec un objectif : présenter notre demande de moratoire sur les fermes-usines de saumons en France. En Bretagne, un projet similaire a déjà été abandonné, en Belgique également : cela prouve que la mobilisation fonctionne, et qu’il faut continuer ! On a organisé la soirée de lancement de PinkBombs à l’Académie du Climat à Paris : avec des scientifiques, des militant-es, une cheffe et une députée, ainsi que des artistes, au cours de laquelle nous avons pu présenter à 300 personnes en quoi l’industrie du saumon est liée à différents systèmes d’oppression : sur l’Océan, sur les animaux, sur les humains. Et c’était vraiment chouette. Enfin, on a lancé notre programme de révolution iodée, auprès des entreprises de la restauration collective, pour accompagner la transition alimentaire à grande échelle avec des solutions positives, loin d’un système alimentaire qui exploite l’Océan. Toutes ces actions, ces enquêtes, ces collaborations, ces mobilisations, nous ont permis de faire rentrer la consommation du saumons dans le débat public. Pour notre première année, nous avons eu une excellente couverture médiatique de TF1 à Brut en passant par le journal La Croix.
Erika: Quels conseils donneriez-vous à celles et ceux qui souhaitent adopter une consommation alimentaire plus respectueuse de l’environnement et des écosystèmes, notamment pendant les fêtes de fin d’année ?
Esther: Ne pas avoir peur de réinventer les traditions en explorant l’univers végétal, qui bat tous les records en termes de consommation respectueuse de la Planète, même face à l’alimentation locale, contrairement aux idées reçues ! Des “faux gras” aux ravioles de cèpes, en passant par les veloutés à la châtaigne, les idées festives et gourmandes ne manquent pas ! Et côté “alimentation iodée” qui respecte l’Océan, dans les jours à venir, nous allons publier des recettes végétales de la mer en collaboration avec des cheffes : caviar végétal, canapés de saumon végétal, betterave fumée au feu de bois, tartinades d’algues… stay tuned !
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