Chloé : Bonjour, est-ce que tu pourrais te présenter et présenter ton entreprise, s’il te plaît ?
Nathalie Roussel : Je suis Nathalie Roussel, architecte urbaniste. J’ai fondé l’Atelier Nathalie Roussel en 2021, qui s’investit pleinement dans la transformation urbaine avec un fort engagement environnemental.
Notre mission est simple : améliorer le cadre de vie en proposant des solutions innovantes et responsables, tout en créant des projets uniques ancrés dans la réalité locale. Nous aspirons à une nouvelle vision pour la ville de demain, en promouvant des modèles urbains plus durables, avec des densités appropriées, une mixité sociale et fonctionnelle, ainsi que des solutions énergétiques et constructives novatrices. Nous encourageons également la mutualisation des ressources, en exploitant les opportunités offertes par le numérique et les nouvelles technologies pour une gestion urbaine plus efficace et inclusive.
Chloé : Est-ce que tu pourrais nous parler de la genèse du projet ? De quel constat es-tu partie ?
Nathalie Roussel : Je me suis lancée juste après l’épisode de pandémie du COVID 19, un moment fort de prise de conscience d’un nécessaire changement de paradigme… un contexte particulier et une belle opportunité m’ont archi motivée pour me lancer et partager avec mes futurs maîtres d’ouvrage de nouvelles méthodes articulées à une solide expérience professionnelle !
Chloé : Peux-tu nous parler des projets sur lesquels tu travailles actuellement sur la Métropole bordelaise ?
Nathalie Roussel : J’ai la chance de travailler en collaboration avec des collectivités publiques et des acteurs du secteur privé, notamment de grands propriétaires fonciers.
Par exemple, je suis actuellement impliquée dans le réaménagement de la ZA Achard à Bacalan. Notre objectif est de transformer cette zone d’activité, qui est actuellement très fermée sur son quartier, en un espace ouvert et accueillant. Cette transition de la « ZA Achard à la Cité Bleue » est une belle opportunité pour laquelle je travaille en étroite collaboration avec les propriétaires fonciers pour orchestrer cette mutation urbaine. Cela implique une réflexion approfondie sur la composition urbaine en tenant compte des bâtiments historiques à valoriser -derniers vestiges du passé industriel de Bacalan !-, des acteurs économiques sur site ainsi que des enjeux de désimperméabilisation du quartier et de nouvelles continuités paysagères entre les berges de la Garonne et la rue Achard.
Je suis actuellement impliquée dans un deuxième projet, assez récent, qui concerne Bordeaux la Jallère, en collaboration avec Bordeaux Métropole Aménagement et Bordeaux Métropole.
Dans ce projet, je fais partie d’un groupement en tant que co-traitante.
Notre objectif principal est de repenser l’aménagement des espaces publics existants et des grandes infrastructures héritées de l’urbanisation des années 70 du projet Bordeaux-Lac, en les adaptant davantage aux modes de déplacement doux. Nous travaillons en collaboration avec le groupement de maîtrise d’œuvre urbaine piloté par TER, chargé de concevoir un nouveau quartier mixte bas carbone. Cette opération s’annonce comme un cas de réaménagement urbain exemplaire à Bordeaux.
Enfin, je suis également impliquée dans la ZAC Bègles-Garonne sur le territoire de Bègles, dans le périmètre de l’OIN Bordeaux Euratlantique au sein d’un groupe pluridisciplinaire. Comme pour tous les projets urbains sur lesquels je travaille, je m’appuie sur tout un panel de compétences dans mon travail. Travailler sur la ville implique non seulement une vision et un récit, mais aussi un réel savoir-faire dans le processus de fabrication de l’espace urbain.
Chloé : Pourrais-tu nous expliquer comment ces opportunités se sont-elles présentées et quelles étaient tes attentes initiales vis-à-vis de ces projets ?
Nathalie Roussel : Dans le domaine du marché public, les opportunités se présentent souvent à travers des appels d’offres. Je travaille principalement dans ce cadre de réponse.
Avec le privé, c’est plus du bouche-à-oreille via mon réseau pour participer à des consultations restreintes.
Quant à mes attentes initiales vis-à-vis de cette collaboration (pour Bègles Garonne), elles étaient assez simples : j’avais tout simplement le désir de participer à ce projet. J’ai réussi à faire partie d’une équipe en jouant la carte « locale de l’étape » et après de longs mois de consultation, nous avons remporté l’appel d’offres !
C’est tout ce processus d’investissement assez lourd que je porte depuis 3 ans, la constitution d’équipes pluridisciplinaires est une étape cruciale mais ensuite il faut souvent remettre une offre et expliquer la manière dont on va travailler, avec des premières idées de projet.. ça demande beaucoup de travail, donc c’est une vraie fierté quand cela se concrétise. Pour donner une idée, entre la constitution de l’équipe et la notification du marché, il s’est passé 10 mois environ.
En ce qui concerne mes attentes vis-à-vis de la collaboration, je me positionne en tant que co-conceptrice du projet, et j’espère pouvoir contribuer activement à sa réalisation !
Chloé : Comment se déroule la collaboration avec les différents acteurs de la ville ?
Nathalie Roussel :Il y a deux types d’acteurs. Il y a ceux que je connaissais déjà à travers ma pratique professionnelle antérieure, et puis il y a ceux que je rencontre dans le cadre de nouveaux projets, ce qu’on appelle communément les maîtres d’ouvrage.
Dans l’ensemble, la collaboration se déroule plutôt bien. Les méthodes de travail itératives adoptées favorisent l’écoute et la collaboration étroite avec le maître d’ouvrage. Il y a d’un côté les services techniques et les élus, ce n’est donc pas exactement le même niveau de discours. C’est ce qui rend intéressant notre métier aussi : c’est à la fois nourrir une vision d’élu et faire en sorte de profiter d’un portage politique des projets sur lesquels on travaille pour réussir à entrer en phase opérationnelle en gardant un bon niveau d’ambition.
Chloé : Quels sont les principaux enjeux et défis liés à cette coopération avec les collectivités ?
Nathalie Roussel : Nous nous efforçons constamment de tirer les projets vers le haut, avec un niveau d’ambition élevé et répondre aux habituelles injonctions contradictoires de changement sans trop de révolution, en maîtrisant les coûts.
Nous devons jongler avec de nombreux paramètres réglementaires, financiers et juridiques, qui peuvent parfois entraver même les projets les plus prometteurs. Il s’agit donc de trouver un équilibre entre un projet de qualité et sa faisabilité opérationnelle.
Dans ce contexte, notre travail avec les maîtres d’ouvrage consiste à les conseiller au mieux pour qu’ils puissent prendre les meilleures décisions possibles, et à conseiller également les élus.
Au sein des collectivités, nous interagissons avec deux acteurs principaux : les services techniques et les élus. Je participe donc régulièrement à des réunions avec les élus, où nous discutons des aspects techniques du projet et de sa dimension politique.
Les décisions politiques sont souvent prises lors de comités de pilotage, où nous devons obtenir des validations politiques pour avancer sur certains aspects du projet. Les services techniques travaillent en étroite collaboration avec nous pour préparer ces validations, mais in fine, les décisions structurantes sont souvent d’ordre politique.
Chloé : Quels sont les types de ressources que tu conseillerais, pour ceux qui souhaitent en savoir plus, sur les enjeux de demain ?
Nathalie Roussel : Personnellement, je recommanderais vivement de s’abonner à Traits Urbains. Cette revue est à la fois très spécialisée et très accessible, offrant une lecture enrichissante pour les passionnés du domaine. C’est une excellente ressource pour les spécialistes !
Il existe une multitude d’ouvrages sur l’urbanisme de demain, disponibles dans les rayons spécialisés des librairies. Par exemple, je recommande vivement de se rendre chez Mollat et de consulter leur section dédiée à l’urbanisme et à l’architecture. Il existe une diversité de publications, de forums etc. Mais il manque des ouvrages selon moi qui vulgariseraient le travail de maîtrise d’œuvre urbaine, une facette du métier d’architecte, peu connue du grand public.
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